The Great Wall – Jinshanling

A ceux qui ont déjà visité Beijing, je n’apprendrai rien en disant qu’il est difficile de ne pas se sentir oppressé par « la Masse » au bout de quelques jours.

Les gens sont partout, en nombre important et pour un frêle et innocent petit occidental, le bruit, les bousculades, les bruits de crachats, les gens qui ont une idée bien particulière et bien à eux des files d’attentes peuvent rapidement et très surement taper sur le système. Je le confesse, j’ai eu du mal à ne pas sombrer dans la bestialité la plus primaire au cours de ce voyage, à ne pas moi aussi jouer des coudes pour pouvoir passer avant les autres, à ne pas me dépêcher pour m’assoir dans le métro avant une vieille dame, où encore, à ne pas cracher partout en faisant des bruits laissant craindre une maladie infectieuse.

Mais j’ai tenu bon, j’ai lutté contre la Tentation, le Côté Obscur et je suis resté fidèle à mes principes d’aménité. J’ai pu donc faire abstraction de tout cela et apprécier les gens, les paysages et la culture de ce pays monde. Cela dit, au bout de quelques jours à Beijing, nous n’avions qu’une idée fixe: se mettre au vert. Et pas uniquement dans un parc surpeuplé.

La Grande Muraille semblait donc toute indiquée pour une escapade revigorante. Mais quelle Grande Muraille. Ce petit monument mesure plusieurs milliers de kilomètres et plusieurs sites sont accessibles depuis Beijing, plus où moins loin, plus où moins délabrés ou rénovés et surtout, plus ou moins fréquentés.

Nous n’avons pas hésité longtemps: Jinshanling, à 120 km de Beijing paraissait un excellent choix. Un peu moins rénové que des tronçons plus populaires, un peu plus éloigné, en pleine cambrousse, et surtout, beaucoup moins fréquenté.

Nous avons pu réserver un « tour » garantie sans arrêt shopping (important de s’en assurer si vous ne voulez pas perdre un temps infini dans un magasin de poteries traditionnelles ou de toute autre pacotille qui peut se vendre) dans notre auberge de jeunesse. Lever 5h30, un mini bus vient nous chercher, et une pétulante guide Lin Xi nous offre notre petit déjeuner (inclus dans la formule), une brioche aux fruits confits et une bouteille d’eau. Après avoir « dégusté » la brioche, on comprend immédiatement l’intérêt de la bouteille d’eau, sans laquelle une mort atroce par déshydratation eût été envisageable. Nous voici partis, à deux véhicules pour transporter tout le groupe sur les routes saturées. Un premier arrêt toilette nous permet d’apprécier la bourgade de Mi Yun où il n’y a rien de spécial. Mais nous nous en souvenons bien car après être repartis nous avons du faire demi tour pour y récupérer Lin Xi que les chauffeurs y avaient oublié.

Nous arrivons enfin au parking du site. Nous y sommes attendus de pied ferme, par un essaim de femmes du cru, toutes un sac au dos. Elles nous parlent, nous ne comprenons pas tout de suite qui elles sont. Entre le parking et l’entrée, des boutiques… Les commerçants nous hèlent, nous proposant tous des… snickers. Ne me demandez pas pourquoi, le touriste de base qui visite la grande muraille doit aimer cette barre chocolatée.

Il est à peu prêt 10 heures du matin. La guide nous explique que nous devons nous retrouver vers 13h pour le repas, d’ici là, nous avons quartier libre. Deux directions sont possibles: vers l’est, Gubeikou, tronçon bien rénové ou vers l’ouest, Simatai, rénové au début puis « en l’état ». Nous optons pour la direction de Simatai et nous mettons en route, suivis de près par une des femmes au sac à dos. Le groupe s’éparpille rapidement. Nous nous retrouvons seuls ! Complètement seuls sur cette muraille majestueuse… avec notre ange gardien qui ne semble pas vouloir nous lâcher.

Nous comprenons finalement qu’elle compte nous accompagner tout le long de notre randonnée et que tout ce dont nous pourrions avoir besoin (cape de pluie, eau, coca, et bien sur…….. snickers) se trouve dans son sac à dos. Nous lui faisons comprendre que ça ne sera pas possible de nous accompagner tout le long de notre périple, que nous n’aimons pas les snickers, que nous avons tout ce qu’il nous faut… Elle accepte finalement de nous lâcher les basques et là, ravissement !

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Après trois jours de foule, les montagnes, la muraille, et nous… seuls ! La muraille court sur les crêtes à perte de vue. Nous la parcourons au début sous un ciel couvert, nous empruntons des escaliers vertigineux, nous scrutons les montagnes de la Mongolie Intérieure. Nous dépassons des touristes de tous pays ahanant sous leurs sacs à dos, leurs anges gardiens dans leur sillage. Nous nous faisons dépasser par de jeunes touristes hollandais, bondissant comme des cabris et escaladant tout ce qui peut l’être.

Le soleil se montre enfin, le site est grandiose, nous respirons à grande goulées et nous faisons chauffer l’appareil à photo. Nos cuisses se rappellent à notre bon souvenir, car la muraille n’est qu’un immense escalier de plusieurs milliers de kilomètres.

Nous redescendons finalement pour « le déjeuner ». Je ne m’étendrai pas dessus, c’était juste infâme. J’en suis revenu à regretter de ne pas avoir investi dans quelques snickers.

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Nous repartons vers Beijing, fourbus mais heureux de cette parenthèse solitaire au grand air.

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